Les Chants du capricorne

J’ai eu la chance de voir ce spectacle événementiel il y a 20 ans, au Musée d’art contemporain. Ma jeune soeur m’avait invitée avec insistance, alors qu’elle-même l’avait déjà vu la veille.
À cette époque, ma soeur étudiait le chant à Mcgill. Je me souviens que nous étions encore sous le choc de l’émotion quand nous sommes sorties du musée, c’est alors qu’elle m’avait déclaré que c’était ça le rêve de sa vie, que c’était ça qu’elle voulait chanter un jour, Les Chants du Capricorne de Scelsi, créer et mise en scène par Pauline Vaillancourt, avec la scénographie de Massimo Guerrera.
La vie est parfois merveilleuse. Pauline Vaillancour qui avait interprété elle-même le seul être sur scène, dit aujourd’hui avoir attendu 20 ans pour trouver une interprète capable de mémorisée et d’incarner cette partition très exigeante. Elle a découvert ma soeur et la choisie pour reprendre son ce rôle si important. Ma soeur boucle une boucle dans sa vie d’artiste. Sa vision se réalise. Le hasard fait bien les choses, parfois.
Je partage ces anecdotes biographiques, pour ajouter de la chair autour de ce spectacle qui sera présenté cette semaine à l’Ucine C, du jeudi au samedi.
À lire le magnifique article de Christophe Huss dans le devoir du samedi 7 mars, qui explique clairement pourquoi il ne faut pas manquer cette occasion rare d’aller voir et entendre Les Chants du capricorne, qui ont marqué le monde de la musique au Québec, il y a vingt ans.
Voir aussi cette très intéressante entrevue avec Massimo Guerrera à ce sujet.
Photo : Annik MH De Carufel, Le Devoir
L’inaltérable indulgence des femmes

«Les hommes naissent dans les déjections et dans le sang, mais les femmes sont seules à s’en souvenir.»
Jocelyne François, Les bonheurs, Édition Mercure de France
J’adore cette phrase de Jocelyne François, qui propose, selon moi, une piste de réflexion intéressante sur l’origine de la haine des hommes envers les femmes, à travers le monde. C’est une hypothèse, mais je crois que les hommes ne peuvent pardonner aux femmes, inconsciemment, le fait qu’elles se souviennent qu’ils sont tous sortis d’un ventre de femme, à travers le sexe d’une femme, dans un état de fragilité et de totale dépendance qui fait ombrage à leur Égo.
Toutes puissantes à la naissance de leurs fils, les femmes sont devenues avec l’évolution des civilisations, des témoins gênants. Il est vrai qu’un seul regard de femme a le pouvoir d’humilier n’importe quel empereur, roi, dictateur, directeur, ou n’importe quel homme se considérant comme tel, lui rappelant sa modeste venue au monde.
À travers la culture, les coutumes, les institutions, les religions que les hommes ont créées, ils tentent inconsciemment de contrôler ces témoins gênants, preuves vivantes, de la modestie et de la précarité de leur condition humaine.
Vaut mieux avoir été façonné dans la glaise par un Dieu mâle, que d’être sorti d’un ventre de femelle humaine, dans les déjections et dans le sang !
Pardonnez mon cynisme et ma colère, c’est la journée de la femme et je me donne la liberté de dire tout haut ce que je pense tout bas, le reste de l’année.
Image : Wikipedia